Tony Maniaty est un photographe australien qui a vécu à Paris pendant la majeure partie de l'année 2020.
Inspiré par des photographes de renom tel Cartier-Bresson, le travail de Maniaty met en scène la vie quotidienne à Paris. Si l’on peut parfois apercevoir les effets du Covid dans la vie quotidienne, le charme de la capitale française reste intact.
L'exposition est déjà ouverte à tous à l'Alliance française de Sydney, et se poursuivra jusqu'à la fin du mois de février 2022.
Après m'avoir montré les photos exposées, nous nous sommes assis pour discuter de sa vie, de son travail et de ses influences artistiques.
Qu'est-ce qui vous a amené vers le milieu de la photographie ?
Eh bien, mon association avec la photographie remonte à mon adolescence. J'ai d‘ailleurs créé le club de photographie de mon lycée. C'était une passion influencée par les œuvres de photographes comme Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Martine Franck... J'avais vu leur travail dans des magazines et j'ai essayé d'apprendre de cela.
La photographie est un grand plaisir pour moi, c'est une forme de communication, une forme de passion et je suis très ancré dans le concept de photographie humaniste.
Qu'entendez-vous par "photographie humaniste" ?
Photographier des gens qui vivent une vie ordinaire dans les rues. Une grande partie de mon travail a été prise pendant la crise du Covid bien sûr, mais ce ne sont pas les images habituelles du Covid. Ce sont des images très chaleureuses. J'ai réalisé que l'on pouvait aussi photographier une crise sous un angle différent, celui de l'amour, de la beauté et de la compassion. Et c'est cela la photographie humaniste. C'est très réaliste.
Avec la photographie, on apprend la patience. On trouve un bon emplacement, une bonne composition. Et puis on attend que les choses se passent. Par exemple, la photo avec l'oiseau blanc qui regarde un panneau routier : j'ai attendu vingt minutes pour qu'il regarde dans la bonne direction, parce que les animaux, les oiseaux, ne font pas toujours ce qu'on voudrait qu'ils fassent.
Les personnes que vous avez photographiées sont donc des " gens ordinaires ", mais qu'en est-il des lieux ? Ont-ils une signification quelconque ?
Les lieux ne sont pas si importants. J'ai vécu dans le 7e [arrondissement] la plupart de l'année et ces photos sont du 5e, 6e et 7e parce que c'est le quartier dans lequel j'ai passé le plus de temps au fil des ans.
![](https://static.wixstatic.com/media/22efec_bcc31e11e8ff48e0840a7096c763bf20~mv2.jpg/v1/fill/w_400,h_600,al_c,q_80,enc_auto/22efec_bcc31e11e8ff48e0840a7096c763bf20~mv2.jpg)
J'adore ce quartier, il a des rues assez étroites et donc on peut capturer beaucoup de choses en une seule photo. J'ai tendance à éviter les espaces ouverts ; je ne serais pas très doué pour photographier le désert. Certaines personnes le sont, mais je préfère l'activité humaine de la rive gauche.
Je vois. Et alors, pourquoi le noir et blanc ?
Lorsque vous photographiez en noir et blanc, vous redéfinissez ce que vous voyez. Le spectateur peut se concentrer davantage sur le sujet et ne pas être distrait par les couleurs. Il y a là quelque chose de beaucoup plus graphique.
L'éthos de ma photographie est l'humanisme et ce sont les possibilités autour des gens dans un espace spécifique. Et vous combinez cela avec la composition, la lumière, le mouvement. Mais on passe souvent beaucoup de temps à attendre pour obtenir ces images...
Est-il parfois difficile d'attendre ? A-t-il été difficile de prendre certaines des photos ?
Vous devez travailler seul parce que personne ne veut rester attendre à côté de vous. Et environ la moitié de ces photos sont le résultat d'une attente de dix à vingt minutes. Du coin de l'œil, vous voyez des choses qui vont se produire et vous attendez le moment. C'est ce que Cartier-Bresson appelait "l'instant décisif". Par exemple, attendre qu'une personne portant des vêtements clairs passe devant une peinture murale plutôt sombre afin de créer un contraste ("This world").
Et je me demandais, à propos de la photo avec le petit garçon et le chien, lui avez-vous demandé à lui ou à ses parents ? Quel était le contexte de cette photo ?
Son père était sur le côté. J'ai demandé à prendre une photo et il a hoché la tête et dit "Bien sûr". Je ne prends pas de photos sournoises. Mais les gens sont de plus en plus réticents à être photographiés.
Oh, et vous l'avez ressenti ? A Paris ou ailleurs ?
Partout dans le monde. A Paris c'est plus facile, en Australie c'est très difficile. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Mais, il y a trente ans, je prenais des photos comme celles-ci à Sydney et c'était beaucoup plus facile.
Je pense que les gens s'inquiètent aujourd'hui de leur vie privée vis à vis des médias sociaux. C'est un problème pour les photographes, mais je pense que cela en révèle beaucoup sur la société.
Avez-vous une préférence parmi les dix-huit photographies exposées ?
Je pense que ce serait "The Carousel", "Boy and dog" et aussi "Plant delivery" parce que cette dernière est assez surréaliste. Personne n'est tout à fait sûr de ce qui se passe dans cette photographie. Mais pour moi, c'est très Paris.
Oui, avec les vélos.
Avec les vélos et la livraison à la porte. D'une certaine manière, ces photos reflètent mon Paris. Il n'y a rien de plus agréable pour moi que de prendre des photos à Paris. En outre, beaucoup de gens ont acheté mes photos pour leur conjoint afin de leur rappeler cette belle ville. C'est probablement la ville la plus photogénique du monde. Au même titre que Rome et Madrid, en tout cas.
Je vois. Et quels sont vos prochains projets ?
Nous avons une soirée d'ouverture à l'Alliance française de Sydney le 17 février où je serai heureux de parler des photos.
Et j'ai aussi sorti un nouveau livre de photos, "Nos Coeurs sont toujours ouverts".
Ah oui, c'est une citation d'une dame française que vous avez rencontrée ?
En effet, et c'est merveilleux. La plupart des choses étaient fermées à Paris, mais cette phrase était très vraie. J'ai trouvé qu'à Paris, les gens ont très bien géré la crise, ils étaient assez stoïques et civils.
Et maintenant je veux retourner à Paris et prendre plus de photos, après cette exposition et le lancement de mon livre.
Liens utiles :
La page web de l'exposition pour avoir un aperçu des œuvres exposées et de plus amples informations sur les horaires, les prix et l'inscription à la soirée d'ouverture : https://www.afculturalfoundation.com.au/events/visual-arts/amour-toujours-exhibition/
Le site web de Tony Maniaty pour en savoir plus sur sa vie et ses différentes œuvres : http://www.tonymaniaty.com/
Et pour acheter des tirages de ses images de Paris, rendez-vous sur : www.studiotettix.com
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